mercredi 3 août 2016

Quand la nuit devient jour, Sophie JOMAIN

Résumé


On m'a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.

La dépression. Ma faiblesse.

Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.

J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.

Le 6 avril 2016.


Par euthanasie volontaire assistée.



Avis


Je vois ce roman un peu partout depuis quelques temps déjà et j'ai fini par me laisser tenter. Le sujet est peu commun voire un peu déroutant. Il sort des sentiers battus on peut dire.

Camille est une jeune femme de même pas 30 ans, elle a la vie devant elle. Le problème, c'est que la vie est un calvaire pour elle. Elle ne la conçoit pas, ne la comprend pas vraiment. Elle souffre d'une profonde dépression depuis de très nombreuses années, plus de 10 ans, dont rien n'y personne ne peut l'en sortir. Et cette vie de souffrance elle n'en peut plus, n'en veut plus, veut y mettre un terme. Pour cela, elle a reçu l'accord de la Commission belge pour être euthanasiée.

C'est un récit terrible. Camille est une jeune femme très attachante et j'ai eu de nombreuses fois l'espoir qu'elle arrive à s'en sortir, un peu comme son père, qui veut croire à son rétablissement, jusqu'au bout ou presque. J'ai eu moi aussi beaucoup de mal à concevoir au début qu'elle veuille être euthanasiée pour une dépression. Je me suis dit qu'il suffirait qu'elle trouve une thérapie plus adaptée, qu'elle essaye de voir du monde, qu'elle profite des plaisirs de la vie. Et puis progressivement, j'ai compris que son mal était vraiment trop profond, trop ancré en elle. Et puis, elle est tout de même la mieux placée, la plus avisée pour savoir.

Grâce à ce roman, j'ai compris je crois comment certaines personnes en arrivaient à mettre fin à leurs jours, à demander l'euthanasie pour dépression. Car c'est bien plus qu'un coup de blues, c'est un mal terrible, une souffrance sournoise que rien ne semble pouvoir guérir, pas même l'amour. C'est pour cela que j'ai vraiment beaucoup aimé la fin. Elle est terrible mais juste parfaite à mes yeux. Sophie Jomain montre bien que même les petits bonheurs quotidiens, un entourage aimant, un compagnon, rien n'ai assez puissant parfois pour maintenir à distance cette souffrance sur le long terme. C'est vraiment un récit poignant et j'ai souffert avec Camille et ses proches.

Un magnifique roman qui donne à réfléchir sur l'euthanasie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire